Article écrit par Josh Bright sur le site de référence The Independent Photographer.
https://fr.independent-photo.com/news/xavier-roy/
«Je tire principalement par instinct, je suis toujours alerte. Le miracle est d’être là au bon moment et de voir ce que les autres ne voient pas! » – Xavier Roy
L’un des photographes les plus doués de notre époque, Xavier Roy capture des images monochromes profondément émouvantes qui révèlent la beauté délicate de l’humanité.
Né à Bize, une petite ville du sud-ouest de la France, d’une mère artiste et d’un père qui travaillait dans la publicité, Roy nourrissait un intérêt pour l’art dès son plus jeune âge, tout en reconnaissant qu’il n’avait aucun don pour la peinture, le dessin ou la musique, il initialement évité les pratiques créatives.
C’était jusqu’à ce qu’il visite une rétrospective de l’éminent photographe hongrois, André Kertész, à Paris’Galerie du Jeu de Paume quelques années plus tard, quand soudain et épiphaniquement il se rendit compte que la photographie serait son moyen d’expression désormais.
«Kertész a dit un jour:« Mon anglais est mauvais. Mon français est mauvais. La photographie est ma seule langue ». C’est sa sensibilité, son sens de la composition, de l’innovation qui m’ont tout de suite séduit.
C’était cette connaissance, combiné à son amour du voyage, cela a galvanisé sa pratique. Il a acheté son premier appareil photo (un Nikkormat) à Singapour en 1977 et, au cours des années précédentes, l’a utilisé pour documenter ses expériences alors qu’il voyageait beaucoup à travers le monde.
«Je suis allé 9 fois à Cuba, 8 fois au Brésil, 13 fois en Egypte, 6 fois en Inde, etc. Voyager c’est une question de différences, de dépaysement: de nouvelles odeurs, aller loin, loin de ses habitudes, tout découvrir: les autres, d’autres cultures, d’autres lumières, des parties de rêve. … J’aime partager, échanger, j’aime simplement les gens et j’espère que cela se ressent dans mes images.
Il travaille intuitivement, «recevant» plutôt que de rechercher des images, tout comme son modèle Kertész, avec d’autres maîtres tels que, Robert Frank et Henri Cartier Bresson, qu’il cite également comme influences; la théorie insaisissable de la perception de ce dernier, «Le moment décisif» est magnifiquement incarnée dans de nombreuses œuvres de Roy.
«Mon approche photographique est identique à celle que j’avais quand j’ai commencé; Je tire principalement par instinct, je suis toujours alerte. Le miracle est d’être là au bon moment et de voir ce que les autres ne voient pas! »
Il possède la rare capacité de discerner la beauté dans des environnements apparemment discrets, à la fois dans des environnements quotidiens et des lieux de grande renommée.
Une profonde affection pour ses sujets transparaît invariablement; un humanisme puissant, une passion et une appréciation profondes pour le médium et les diverses destinations qu’il a eu le privilège de connaître. Il trace des moments subtils de joie, d’amour et de bienveillance, avec une grâce et une perspicacité profondes, et, comme ses héros, exclusivement en noir et blanc, les tons monochromes fournissent le nuancier parfait pour sa vision poétique unique.
«Photographier en noir et blanc, c’est ma langue, c’est intemporel. Photographier en noir et blanc, c’est avoir une vision «raffinée / distillée» qui mène à l’essentiel; Lignes et formes – «Photographier en noir et blanc, c’est déconstruire des cartes postales» comme dirait mon ami Bernard Plossu.
Malgré son talent artistique et sa prolificité considérable, et malgré un nombre assez important d’expositions dans son pays et ailleurs, Roy reste largement inconnu en dehors des cercles photographiques les plus exigeants. Il ne s’est tourné vers la photographie à plein temps qu’en 2003, après avoir passé une grande partie de sa vie professionnelle dans d’autres secteurs: forger une carrière réussie qui lui a donné la rare liberté de se concentrer sur son art sans la pression financière qui afflige tant d’autres (et donc dilue) leur sortie).
«J’ai pu, avec une passion dévorante, me consacrer définitivement à la photographie. J’ai beaucoup de chance de ne pas avoir à en vivre, mais d’en profiter librement.
À cet égard, il représente une sorte d’énigme à notre époque ultra-connectée et riche en informations, l’antithèse du praticien moderne pour qui l’auto-promotion incessante est inexorable. Au lieu de cela, il est resté dédié uniquement à «l’essentiel», les voyages, la prise de vue, le montage, une approche qui, heureusement pour ceux d’entre nous qui ont la chance de rencontrer son travail, a engendré des résultats vraiment remarquables.
«Qui sait, un jour peut-être, beaucoup plus tard, peut-être cette fameuse notoriété photographique viendra. Le photographe Sergio Larrain dont j’admire beaucoup le travail, n’a jamais cherché la gloire. Cependant, son travail le lui a donné, et à l’âge de 40 ans, il a décidé de s’échapper, et il a terminé sa vie au Chili en méditation, en ermite.